Sortie culturelle Salon de Provence 3/3/2022
En cette belle journée de mars, Francis et Christiane emmènent un groupe de 23 personnes pour une sortie culturelle de choix:
Salon de Provence.
photo Office du Tourisme
Salon de Provence , cité au long et riche passé qui remonte aux premières occupations de la Provence avec les Celto-ligures (autour d'un oppidum où s'élèvera plus tard le Château de l'Emperi), puis les Romains qui la développèrent avec le commerce le long de la voie Aurélienne (élevage du mouton et commerce du sel).
"Sallon" est une seigneurie relevant des archevêques d’Arles qui est intégrée au Saint-Empire Romain Germanique jusqu'en 1481.
"Villa Sallone" apparait dans un écrit en 871, mais il parait qu'en 1784, une erreur commise dans l'inscription gravée sur le piédestal d'un buste lui fit perdre un "L".
Depuis ses origines, la cité a toujours attiré les établissements de commerce, d'abord autour des abbayes, puis ensuite avec le développement de différentes industries comme la soie, l'huile, le savon et le café.
La ville s'est enrichie comme le témoigne les nombreux hôtels particuliers et châteaux sur les boulevards.
En 1938, la ville accueille l' École de l'Air, et la présence depuis 1964 de la Patrouille de France a accru sa notoriété.
Salon a vu passer de très nombreuses personnalités et têtes couronnées, et aujourd’hui, elle accueille Pas et Repas!
Vers 9h30, nous sommes 5 voitures à se présenter au parking relais à étages, au bardage coloré,
situé derrière la gare SNCF de Salon-de-Provence.
Il a l’avantage d’être gratuit et de se trouver proche du centre ville. Après avoir emprunté le Bd Maréchal Foch, nous nous retrouvons à 23 (Pauline nous ayant rejoint) sur la place Jules Morgan où nous attend notre guide Mireille Serre à 10h devant l’Office de Tourisme.
Pendant 2 heures nous allons sillonner le centre historique, à la rencontre des nombreux monuments et curiosités :
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Place Crousillat, célèbre poète félibre du 19eme siècle sur laquelle donne sa maison. Sur sa façade sont sculptées des ruches, car Antoine Crousillat (1814-1899) était apiculteur.
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- Sur cette même place est érigée la Fontaine Moussue(1775) entièrement recouverte de tuf, fougères et capillaires .
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Intéressant de voir comment elle était à l'origine
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La tour de l’Horloge(XVII siècle) et ses nombreux cadrans dont les jours de la semaine.
représentés par les astres allant de la Lune (lundi) au Soleil (dimanche).
ou les cycles lunaires.
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La statue moderne (1966 de François Bouché) de Nostradamus .
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L’église St Michel, du 13eme siècle, romane à l'extérieur et gothique à l'intérieur avec son retable doré, ses tableaux, les fresques du 13eme.
- La fontaine de Marianne place de la Révolution.
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La maison de Nostradamus .
Michel de Nostradame (1503-1566), dit « Nostradamus » est un médecin philosophe, nommé « Conseiller de la Reine et Médecin ordinaire » du roi Charles IX par Catherine de Médicis.
Spécialiste de la peste, humaniste et auteur de nombreux ouvrages, Nostradamus se fait connaître grâce à ses « Prophéties » publiées en 1555.
Né à Saint-Rémy-de-Provence, il emménage dans sa maison de Salon-de-Provence en 1547, où il recevra la visite de la Reine Catherine de Médicis.
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Sur la Place Saint Michel,les magnifiques trompe-l’œil de A.Fresco depuis 2016, représentant les personnages illustres ayant vécus ou étant passés à Salon.
On y voit au balcon, tout en haut, Catherine de Médicis, Charles IX et Nostradamus.
Aux fenêtres en dessous,
- Adam de Craponne (1526-1576) l'ingénieur hydraulicien qui construisit le canal qui porte son nom.
- Robert de Lamanon (1752-1787) naturaliste qui participa à l'expédition de La Pérouse.
- Antoine-Blaise Crousillat (1814-1899) poète provençal.
- Camille Pelletan (1846-1915) homme politique qui fut député, sénateur des Bouches du Rhône et ministre de la Marine sous le gouvernement Emile Combes, Troisième République, entre 1902 et 1905.
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Le château de l’Empéri avec le blason de Salon.
Dominant la plaine de la Crau, sur le Rocher du Puech (l'oppidum), le Château de l' Emperi est l'une des plus anciennes forteresses de Provence, remarquable exemple de l'architecture militaire du 13eme au 16eme siècle.
Il fut la résidence des Archevêques d’Arles sous la suzeraineté des Empereurs de l'Empire Romain Germanique d'où son nom d'"Emperi".
Au milieu du XIX°, il sert de caserne, et aujourd’hui il abrite un musée exceptionnel (uniformes et équipements militaires français); c'est aussi un écrin culturel pour les concerts, opéras et autres divertissements.
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L’Hôtel de Ville.Bâtiment de style classique construit en 1655.
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La fontaine Adam de Craponne de 1854.
Cet ingénieur hydraulicien(1526-1576) construisit le canal qui porte son nom entre 1557 et 1558 qui permet d’irriguer la Crau et notamment Salon avec l'eau de la Durance.
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La Tour de Bourg-Neuf.
Un des derniers vestiges des remparts du XII eme siècle.
La Tour abrite une Vierge noire que les femmes imploraient au moment de leur délivrance.
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C'est dans Le Cercle des Arts et Métiers que se réunissaient les importants négociants de Salon(notamment les Savonniers) et qu'il y recevaient les personnages illustres dans leurs magnifiques salles de réception.
Après cette matinée bien remplie et la tête bien pleine, nous quittons notre guide pour aller se reposer et prendre des forces sur les bancs de la place du général de Gaulle .
Il fait beau et bon ! Au nord de cette place, nous admirons la statue de Nostradamus.
Une fois le café pris, et après un bref préambule de présentation sur l’essor des savonniers à la fin du XIXème siècle, nous entamons le parcours urbain qui va nous faire découvrir un certain nombre de constructions remarquables de ces industriels et négociants.
Quartiers des savonniers à Salon
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Après la guerre de 1870, c’est l’envolée économique. En effet, grâce à la construction de la gare, le commerce de l’huile d’olive et du savon devient prospère et Salon-de-Provence s’enrichit.
Les riches négociants font construire de superbes villas autour du centre ancien, donnant naissance à de nouveaux quartiers bordant de larges avenues.
Après Marseille, c’est le plus important centre de production en Provence. Près de 90 000 wagons par an partent de la gare vers le monde entier.
Déjà au début du XIXème siècle, la culture de l’olivier (abondant dans les Alpilles) et le négoce de l’huile d’olive étaient l’une des ressources majeures des salonais.
Les industriels achètent de vastes terrains où ils installent leurs fabriques (appelées « estives ») et juste à côté, construisent leurs hôtels particuliers (si somptueux qu’on les qualifie souvent de châteaux). L’ensemble forme un tout et participe à la renommée, au prestige et à la réputation du maître savonnier.
Leurs papiers à en-tête présentent en miniature leur domaine. A proximité vont prospérer les moulins, ferblanteries, caisseries, tonnelleries, papeteries, assurant du travail à des centaines d’ouvriers.
La commune en profite pour faire construire l’hôpital, la gare, les abattoirs, une caserne de gendarmerie et la poste. Le théâtre, le cercle des arts, le centre hippique vont être édifiés par les savonniers.
A partir de 1870, la production de savon va passer du stade artisanal au stade industriel.
A l’exposition universelle de Paris en 1900, Salon obtient une médaille d’or pour la qualité de ses exportations et le dynamisme de son commerce.
Issus de la paysannerie locale, ces jeunes industriels et commerçants vont devenir des édiles et participer à l’administration communale.
A partir de 1882 les maires seront issus de leur rang. De nombreux cercles vont voir le jour, dont le plus ancien est celui des Arts et Métiers fondé en 1842.
Réservés aux notables, destinés à la détente et aux loisirs, ils dynamisent la vie intellectuelle et artistique de la cité.
L’association des « Amis du musée et du patrimoine de Salon et de la Crau » a effectué un énorme travail de recensement des hôtels particuliers et a édité une très intéressante brochure « Les villas et châteaux des négociants salonais », qui dénombre et décrit une trentaine de constructions.
A partir de 1920, les nouvelles villas vont se raréfier et devenir plus modestes. Après 1945 l’activité savonnière va progressivement décliner.
Actuellement, seules deux savonneries centenaires sont en activité : Marius Fabre et Rampal-Latour labellisées « Entreprises du patrimoine vivant ».
Le plus souvent ces belles villas n’appartiennent plus à la descendance des propriétaires d’origine, mais ont été transformées en bureaux, clinique, palais de justice, appartements, seule l’enveloppe extérieure ayant été conservée.
Par exception, l’hôtel Jules Marius Fabre a conservé son décor intérieur et notamment son superbe salon de musique.
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Théâtre Armand (:1884- Entièrement financé par Etienne Armand(important homme d'affaires) ce qui va complètement le ruiner !
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Hôtel Roche 1902.
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Château des Louanes (milieu 19eme) et son joli Parc de la Légion d’Honneur dans lequel nous avons pris les photos de groupe.
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Villa Nivière :
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Venant juste après le tremblement de terre de 1909, ce bâtiment a été édifié selon les normes antisismiques de l’époque (tirants métallique et corset de fer).
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Le projet (1911) est dû à l’architecte marseillais Simon Girard et réalisé par l’entrepreneur salonais Désiré Girard. Les constructions sont désormais plus modestes, sur un seul niveau. A noter l’encadrement de la porte, sculpté de motifs entrelacés de tiges et de petites feuilles de lierre, motifs chers à l’Art Nouveau.
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Hôtel Ravoire : 1880
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Hôtel Bourgue : 1900
Derrière la villa, nous avons pu voir une magnifique « estive » en pierres apparentes destinée à la torréfaction du café.
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Hôtel Pascal (Château des Bressons) :
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Construit en 1880 par le négociant Henri Pascal, il est comme le Château des Louanes, avec ses trois corps de bâtiment, très inspiré des villas de la Renaissance italienne.
Les deux bâtiments latéraux sont pourvus de bossages d’angle. La galerie du RDC, dont la voûte est décorée d’une mosaïque de briques rouges et de carreaux blancs , est supportée par des colonnes d’ordre corinthien que l’on retrouve au troisième niveau des deux ailes, ouvert par une loggia.
La terrasse en balustres se trouve ici au premier étage du corps central. L’ensemble de belle facture était situé au milieu d’un parc malheureusement disparu aujourd’hui.
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Villa Armieux (Palais de justice) :
Également connu sous le nom de Villa Armieux, l’actuel Palais de Justice est édifié en 1903 dans le quartier des Louanes par Edmond Marius Armieux.
Ce riche négociant y fait aménager une salle de spectacle pour son épouse cantatrice qui donne des concerts où le « Tout Salon » est convié.
Le château est vendu en 1939, occupé pendant la guerre, et la ville de Salon le rachète en 1951 pour en faire un tribunal de commerce.
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Nous n’avons pas pu voir le plafond de la salle d’audience….car il y avait audience ce jour-là ! C’est dommage…
photo Internet
Une grande salle de réception et de spectacle d’inspiration mauresque qui comportait une coupole éclairée par un lanterneau et décorée en 1907 par le peintre marseillais David Dellepiane :
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Il s’agit d’une chasse assyrienne, dernier témoin d’une décoration intérieure orientaliste. Mon beau-frère, ancien avocat, qui a eu l’occasion de fréquenter la salle d’audience en conserve un souvenir impérissable !
Photos site de Salon
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Hôtel Couderc (Clinique Vignoli) : De toutes les constructions salonnaises des années 1900, c’est de loin l’édifice le plus imposant, communément appelé château bavarois ou tyrolien !
Malheureusement la clinique Vignoli installée dans ses murs a endommagée l’aspect extérieur par des constructions annexes accolées à la façade ancienne.
Savonnerie Marius Fabre
Nous terminons la journée par la visite de la savonnerie Marius Fabre l’une des deux savonneries centenaires de Salon. Rassurez-vous, la grande cheminée ne fonctionne pas et ne rejette plus d’épaisses fumées au charbon !
Avec notre guide nous pénétrons vers 15 heures dans l’enceinte (photos interdites) où se trouvent au total quatre chaudrons dont deux sont actuellement en activité.
4 types d'ingrédients : des huiles végétales, de l'eau, de sel marin et de soude qui est à l'origine de la saponification.
Elle nous explique la lente maturation, du savon (15 jours), la surveillance continue, les multiples opérations (saponification, ajout de sel, lavage à l’eau, etc…), l’épandage du savon pâteux, son séchage et durcissement, puis son découpage en pains.
Le maître savonnier a un rôle essentiel dans la réussite du savon. Son savoir-faire nécessite un très long apprentissage. Il vérifie la qualité du savon en le goûtant quand il est chaud, à l’état liquide !
Il nous est aussi expliqué les différentes natures, qualités, utilisation de savons (vert à l’huile d’olive, blanc à l’huile de palme, noir à la potasse…)
Le savon est constitué de minimum 72% de matières actives (acides gras) fabriquées à partir d’huile ou d’extraits d’huile et de maximum 28% d’eau.
Après cette visite guidée de la fabrication, nous pouvons visiter librement le petit musée très intéressant où sont présentés de multiples objets, outils, documents. Nous voyons en particulier des tampons en buis permettant de marquer les savons.
Pour terminer, la boutique très achalandée permet d’assouvir toutes les envies acheteuses et de trouver savon à son pied, allant du savon dentifrice, au savon sous le matelas ou au savon dans la penderie…il y en a pour tous les goûts !
Nota : l’appellation « Savon de Marseille » n’étant pas protégée, quatre entreprises se sont regroupées en créant l’ « Union des Professionnels du Savon de Marseille ».
Le logo apposé garantit un authentique Savon de Marseille fabriqué selon 3 critères essentiels :
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Une composition : huiles végétales exclusivement, sans parfum, ni colorants, ni conservateurs.
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Un procédé de fabrication : cuisson au chaudron selon un procédé de saponification spécifique. appelé « procédé marseillais » comprenant 5 étapes. La fabrication au chaudron dure une semaine à 10 jours.
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Une origine géographique : Fabriqué dans le bassin historique de fabrication du savon de Marseille / La région marseillaise correspondant aujourd’hui au département des Bouches du Rhône.
La savonnerie Marius Fabre est l’un des quatre membres fondateurs de l’Union des Professionnels du savon de Marseille, association créée en 2011 pour défendre et promouvoir le savon de Marseille authentique.
Les autres membres fondateurs sont les savonneries du Fer à Cheval, du Midi, et Le Sérail, toutes de Marseille.
Qu'on se le dise!
Nous regagnons nos véhicules vers 16 heures la mine réjouie, après une journée agréable et bien remplie.
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Un grand merci à Francis et Christiane pour cette belle idée de découverte de notre Patrimoine.
Ils ont aussi grandement participé à la rédaction de ce compte rendu.
Je remercie Violette et Dominique T. ,qui m'ont gentiment envoyé leurs photos, qui avec celles de Francis et l'aide d'Internet, m'ont aidé à la rédaction de ce long compte-rendu très dense.
Nous nous sommes appuyés en grande partie sur le fascicule distribué par l'Office de Tourisme "Guide du Patrimoine".
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