Lettre au "Papa Noêl" en Marseillais
Lettre au Père Noël en Marseillais par Médéric Gasquet-Cyrus.
Adieu Papa Noël, (adieu, en Marseillais, veut dire "bonjour").
Adieu, Papa Noël, qué mé dis (comment vas tu), bien ou bien? Pasque ma foi,
ici, c'est un peu le ouïa (désordre). Bien sûr, y'a pire ailleurs, y'a un moulon
(un tas) de pays où le sang coule à flot, où les gens sont dans une misère
inimaginable, peuchère (les pauvres)!
Mais bon, entre l'OM, les travaux du tramway, les bouchons monstres
où dégun (personne) ne peut plus bouger dans les rues de Marseille, les
emboucanades (engueulades) politiques et les rues couvertes de bordilles (détritus),
Marseille, c'est pas vraiment le pays merveilleux des lutins!
Non, je vais pas rouméguer (faire la moue), je vais pas marronner (rouspéter)
auprès de toi, parce qu'en plus, j'imagine que tu dois être entrain de t'escagasser
(te fatiguer) à préparer tout ce qu'il faut, à gansailler (bouger) ces mouligas (mous)
de lutins pour qu'ils bougent le tafanàri (gros derrière), et même à préparer ton
costume, parce que tu vas descendre habillé comme un tchapacan (attrape-chien);
Je sais que tous les 24 Décembre tu donnes un coup de pied dans l'armoire à glace
et tu t'habilles trop méchamment.
Bon, alors je vais pas te mettre la tête grosse comme une coucourde (courge), ni faire
la viole (ressasser) avec toutes mes paroles, mais il faut quand même que je t'explique.
J'ai pas été très sage, pas méchant, non, mais j'ai fait des cagades (bêtises), je me suis
manqué (pas fait ce qu'il faut) en pagaille, je me suis souvent engatsé (énervé) pour
rien, j'ai été parfois une vraie feignasse, j'ai remis au lendemain des trucs que je
pouvais faire d'entrée (de suite), je me suis mis dans des engambis (trucs pas clairs) pas
possibles, je me suis parfois encagné (pris la tête) alors que dégun (personne) ne voulait m'emboucaner (chercher des noises), j'ai cassé les amandons (testicules) à des gens qui
me voulaient du bien, et en plus au lieu de rester modeste, j'ai eu tendance à faire le
càcou (jouer les gros bras) et à vouloir toujours avoir raison.
Bref, j'ai fait le pagalènti (bon à rien) toute l'année.
Du coup, je vais pas marquer-mal (exagérer) en te demandant plein de cadeaux,
Mais juste une chose, Papa Noël.
Depuis que je suis minot (gamin), je sais que tu mets de la magie de longue
(sans arrêt) dans les coeurs des gens.
Alors cette année encore, même si sur Terre tout part en biberine (tout va mal)
et si moi, de mon côté, je me comporte comme un vrai tchapacan, fais moi encore
un petit cadeau... Mets un peu de magie sur nos jours et dans nos coeurs, surtout
pour les pitchouns (enfants), tu serais brave (gentil).
Allez, vaï, mets bien ton capèou (chapeau) que tu risquerais de prendre froid, et
ça me ferait de peine.
Merci Papa Noël, adessias et à l'an que ven! (aurevoir et à l'année prochaine).
Commenter cet article